à genoux

vincent voillat

nuit blanche 2013
jardins d'éole
05.10.2013

exposition

résidence

Le Collectif MU développe une recherche esthétique qui s’appuie toujours sur un contexte, un territoire. A Genoux a impliqué la participation d’habitants de la Goutte d’Or dont les genoux ont été moulés tout au long de l’été au Garage MU, lieu de résidence du collectif.

Fragiles et primitives, trente-six variations d’un même motif forment un monument éphémère à l’entrée du jardin d’Éole. A chaque moulage correspond une paire de genoux singulière, une personne anonyme.

Tous ces objets sont alignés et orientés dans la même direction, disposés sur des structures en bois de hauteurs variables dessinant les arêtes d’un socle. Plusieurs points de vue sont possibles selon la circulation parmi les pièces.

L’enveloppe extérieure du moulage reste grossière, brute, comme si il y avait eu urgence à laisser une trace, à conserver la mémoire d’une posture. L’intérieur révèle au contraire une empreinte fine et précise. L’espace vide, la forme en négatif, crée une distance avec ce qu’il représente. C’est un objet unique, individué mais anonyme.

L’ensemble forme un monument qui aurait fossilisé des rites et des conditions d’existence. Ces formes évoquent aussi chacune l’architecture primaire que constitue le corps physique – en même temps qu’elle fige une posture qui évoque l’adoration autant que la supplication, la soumission, la dévotion ou l’humilité. En la surélevant, elle acquiert un nouveau sens. La vulnérabilité, la flexion, l’extension, s’élèvent ou s’inversent.

Ces sculptures sont des objets de mémoire qui amènent le spectateur à reconstruire le contexte de leur formation, de leur calcification. Le spectateur fouille dans sa propre mémoire pour devenir l’archéologue de son histoire, lointaine ou immédiate.

« Enfant, j’ai accompagné ma grand-mère lors d’un pèlerinage de la Salette en Isère. L’image la plus troublante fut l’apparition d’un car rempli de croyants. En sortant de ce bus rempli à craquer, les pèlerins se jetèrent à genoux, pour certains en pleurant. Ils gravirent la montagne jusqu’au lieu de l’apparition, les genoux en sang. C’était ma première vision d’un acte collectif étrange et encore abstrait pour mes yeux d’enfant.
Par la suite, j’ai croisé plusieurs situations, toutes très différentes, qui m’ont permis de considérer cette posture comme un motif qui pouvait endosser des sens différents. Des scènes de prières dans les rues de la Goutte d’Or, les mendiantes de la station Château Rouge ou les sans papiers se faisant contrôler. Cela se raccordait à l’image sociale que je pouvais me renvoyer de notre société. C’est le point de départ de ce travail »

Vincent Voillat

Crédits photos : Cédric Sartore

Avec David Georges François, Olivier Le Gal, Clément Rousseau, Anna Lemoine, Christophe Arnould, Léa Ondet, Laura Morabito, Pierre Creff, Jacky Libaud, Thomas Carteron, Carlos Alberto, Cedric Diomède, Alexandre Degardin, Laurence Rico, Younes Rezzouki, Meda Ruian, Thibault Kunz, Frank Miatello, Mika Bardi, Elodie Rassel, Clémentine Decraene, Caroline Rousseau, Jean-Christophe Arcos, Gregory Mariscal, Maud Branly, Fabien Meunier, Leandro Britto, Hugo Godart, Stephane Lozet, Jerome Salgues, Antoine Vidal, Sarah Debail, Dominique Cathelin, Dominique, Yassine.

Partenaires :
avec les soutiens de la mairie du 18ème et de la ville de paris (dac, deve), action financée par la région ile-de-france.